3 questions essentielles sur la conformité du bulletin de paie

Retranscription de l’interview de Agnès Carratero – VP Juridique Paie de Silae

Alors, un bulletin de paie est conforme à partir du moment où il contient toutes les mentions obligatoires prévues par la loi et qu’il est exempt d’erreurs de calcul.

Au niveau des mentions obligatoires, on retrouve :

  • Celles liées à la rémunération : le montant net salarial, les cotisations.
  • Les mentions relatives à l’entreprise : l’adresse complète, le numéro de SIRET.
  • Les informations sur le salarié : sa position dans la classification conventionnelle, l’indication de la convention collective applicable, et éventuellement une mention du Code du travail.
  • Les éléments relatifs aux heures travaillées : heures supplémentaires, heures complémentaires, congés payés.

À cela s’ajoutent les mentions prévues par la convention collective applicable au salarié.

Il est interdit d’inclure dans le bulletin de salaire certaines informations, comme les droits de grève ou la représentation salariale, notamment les heures de délégation.
Il est aussi interdit de mentionner les heures passées à l’extérieur de l’entreprise, par exemple dans le cadre d’un mandat au conseil des prud’hommes.

Un arrêt de la Cour de cassation illustre cela : un employeur avait inscrit sur le bulletin de salaire une mention indiquant « Charges et cotisations payées pour vous par l’entreprise. » La Cour a exigé que cette mention soit retirée.

Faire des erreurs sur un bulletin de paie peut coûter cher, surtout si l’erreur est répétée.
Oublier une mention, en inclure une interdite ou faire une erreur de calcul peut entraîner :

  • Une contravention de 3e classe, soit une amende allant jusqu’à 450 € par bulletin concerné.
  • Le salarié peut aussi demander des dommages et intérêts s’il prouve avoir subi un préjudice.
  • Enfin, omettre certaines mentions peut constituer une infraction de travail dissimulé.

Un cas récent de la Cour de cassation montre la gravité de cette infraction.
Un employeur avait omis de mentionner la mise à disposition gratuite d’un logement de fonction pour un salarié.
La Cour a jugé que cet avantage en nature était soumis à cotisations sociales, et que son omission démontrait une intention de fraude.

Cela montre qu’il faut porter une grande attention à l’élaboration des bulletins de paie.
Il existe des obligations légales et conventionnelles à respecter.
En cas de manquement, les sanctions peuvent être rapides et strictes, comme on vient de le voir.

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